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Faire de la Mode durable une réalité implique de nombreux défis, notamment l’identification des bonnes matières premières. C’est dans cette optique que Kering a créé le Material Innovation Lab. Sa directrice, Cecilia Takayama, nous en dévoile les coulisses.
Créé en 2013, le Material Innovation Lab (MIL) est à la fois une bibliothèque de tissus durables à la disposition des équipes créatives des Maisons de Kering et un moteur de changement au sein d’un circuit d’approvisionnement complexe. S’appuyant sur un échange constant avec les fournisseurs du Groupe, il vise à favoriser la traçabilité et l’approvisionnement en matériaux plus responsables et innovants, tout en minimisant leur impact environnemental, mais aussi à mesurer l’impact des tissus ou matériaux innovants – une tâche ardue vu l’envergure de la chaine d’approvisionnement. « Grâce à l’EP&L, nous pouvons évaluer l’impact spécifique d’un matériau ou d’un tissu donné », explique Cécilia Takayama, la directrice du MIL. « De même, les certifications nous permettent de vérifier le caractère durable d’un produit. La majeure partie de l’impact environnemental se situe au niveau de la production de nos matières premières – dans les élevages ou dans les champs de coton, par exemple. Il est donc essentiel de faire évoluer notre approvisionnement avec nos fournisseurs. Grâce au savoir accumulé et à notre expérience, nous sommes en mesure de tester directement chez nos prestataires de nouveaux matériaux ou des teintures innovantes, ou encore de les aider à s’appuyer sur l’économie circulaire. Nous jouons un rôle vraiment actif dans la création d’une chaîne d’approvisionnement durable ».
Si le MIL reçoit régulièrement des visiteurs – internes comme externes –, son rôle a évolué vers une approche « projet ». Il s’agit de répondre à des besoins spécifiques exprimés par les Maisons et leurs équipes créatives, ou encore d’aller à leur rencontre pour mieux comprendre leurs enjeux. Le MIL s’efforce également de promouvoir des pratiques responsables auprès des fournisseurs du Groupe, en les sensibilisant sur l’importance de ce sujet pour Kering, via des réunions informelles ou de sessions de formation. Enfin, le MIL contribue à faire bouger les lignes dans le Luxe au travers d’initiatives transverses et de collaborations avec des acteurs du secteur, comme Textile Exchange, le projet Fashion Positive PLUS du Cradle to Cradle Products Innovation Institute ou encore l’initiative Make Fashion Circular de la Fondation Ellen MacArthur.
Le MIL recense aujourd’hui plus de 3 000 matériaux durables différents et a contribué au changement de perspective de la chaine d’approvisionnement. « La différence est sensible, constate Cecilia Takayama. Notre persévérance à proposer des alternatives à la fois réalistes et extrêmement qualitatives nous a fait gagner en crédibilité auprès des Maisons. Et les fournisseurs, qui étaient parfois peu sensibles au développement durable, font aujourd’hui appel à nous. Le nombre de fournisseurs ayant fait certifié leurs installations et leurs tissus a d’ailleurs fortement augmenté ». Il reste toutefois un point de bascule à atteindre en matière de demande des consommateurs, qui permettrait de réduire les coûts de production grâce à l’augmentation des volumes. Les fournisseurs seraient alors plus enclins à conserver leurs stocks plutôt qu’à s’approvisionner chez des tiers, ce qui réduirait les délais d’exécution. « Le prix reste le principal défi à relever », reconnait Cecilia Takayama. « Mais la pression en faveur du développement durable émane des consommateurs et du grand public et je crois qu’il n’y a pas d’autre voie à suivre pour le Luxe. »
Cet article est tiré de Luxury Highlights, la newsletter qui décrypte la stratégie et l’activité du Groupe et de ses Maisons.